Nous sommes partis de Shubie le cœur en miettes (ou pas) et avons roulé jusqu'à Peggy's Cove. Comme nous en avons fait de la route!


En s'approchant de ce petit village de pêcheurs, on remarque rapidement que la végétation change (présentant des arbres plus petits) mais aussi la météo. Rapidement, la brume est omniprésente autour de nous alors qu'on cuisait sous le soleil à Halifax. J'ai soudain peur qu'on ne puisse même pas voir le célèbre phare de Peggy.


En nous approchant davantage, on commence à remarquer un trafic beaucoup plus dense. Tous se dirigent vers le tout petit village de Peggy's Cove. À l'entrée du village, des piétons marchent carrément dans la rue et traversent un peu n'importe où. C'est que le coin n'est pas du tout adapté pour les piétons. Nous découvrons qu'il n'y a qu'une route et que les trottoirs apparaissent plus loin. Mais les stationnements sont très achalandés et on décide de retourner à l'entrée du village où on se stationne carrément sur la grande route, dans l'accotement, comme quelques autres voitures avant nous. (À notre retour, il y a des voitures des deux côtés de la route - tant des petites voitures que des camions qui tirent une fifthwheel ou des motorisés - pendant environ 200 mètres.) On trouve la situation assez déplorable, surtout pour les gens qui vivent là, mais comme le fait remarquer Mathieu : on participe nous-mêmes au problème en visitant le site.


Peggy's Cove est un petit village très charmant avec de vieilles maisons de pêcheurs colorés. Il y a plein de beaux points de vue pour des photos mémorables. Il suffit de trouver l'angle qui n'inclut pas cinq-six touristes. Rapidement, notre marche nous mène au point d'intérêt principal du village : son célèbre phare rouge et blanc. Il est placé sur un grand rocher presque plat permettant malheureusement à plusieurs personnes d'explorer les lieux et rendant impossible la prise d'une photo sans inconnu y figurant. Parmi les touristes se trouvent des musiciens qui performent à tour de rôle, dont un joueur d'accordéon, un joueur de cornemuse, mais surtout un joueur de cor des Alpes (genre de longue trompette) qui produit un son simple sur un rythme lent qui cadre parfaitement avec le bruit de la mer.


Nous dinons sur une table de pique-nique et reprenons la route. Je crois que Peggy demeure un incontournable, mais il faut être prêt à partager la beauté des lieux avec d'autres gens (ou y aller très tôt/hors-saison). Et j'imagine qu'il faut être prêts à contribuer à l'économie du coin pour compenser les gens qui vivent toujours à Peggy et qui voient leur coin de paradis être envahis tout l'été.


Entendu de la part d'une femme qui sortait d'une bécosse : "J'ai regardé comme il faut, mais il me semble qu'on pouvait pas flusher, hein, dans ces toilettes-là? C'est juste un trou." Clairement quelqu'un qui n'a pas vécu mon traumatisme d'enfance des bécosses en camping. J'avais si peur du trou. Et l'odeur.


Nous arrêtons prendre un café au Café L'Acadie, tenu par un Gary LeBlanc, à qui je demande s'il ne connaîtrait pas ma bonne amie du collégial ayant le même nom de famille que lui. Je me sens comme tous ceux qui m'ont demandé dans le passé si je ne connaîtrais pas UnTel qui a grandi à Amos (parce que je viens de Rouyn), mais je lui pose tout de même la question. Et en français en plus! Mais non, ça ne lui dit rien. On repart avec deux cafés bouillants vers Lunenburg où nous passerons la nuit.


Nous y arrivons vers 15 h. Il fait un temps splendide et nous décidons de simplement marcher dans le vieux Lunenburg et dans le port. C'est un endroit très beau, avec de multiples bateaux dont une réplique du Bluenose que nous aurons la chance d'admirer en mouvement, un peu par hasard, alors qu'on arrive sur le quai.


Nous nous arrêtons prendre un verre juste devant la mer. Une famille de Québécois (papa anglo, maman franco et grands-parents gâteaux du QC) et leur adorable petite fille viennent s'asseoir près de nous. Nous tombons sous le charme de l'enfant et de son excitation contagieuse. Nous vivons un moment de parfait bonheur.


En plus de se croire au Québec tellement on entend notre accent à chaque place où on s'arrête, on croise un couple avec leur chien dans une poussette. Ce sera tout.


Nous nous arrêtons dans une boutique de magasin de souvenirs. J'ai envie d'acheter un chandail - chose que je ne fais jamais. Je fais remarquer à la caissière qu'elle a un bien beau rire ce à quoi elle me répond qu'il lui a causé des problèmes toute sa vie (dont une perte d'emploi) avant d'enchaîner en nous disant que Lunenburg n'a pas toujours eu cette réputation et ce tourisme. Quand elle était plus jeune, venir de cette ville puante de pêcheurs était source de moqueries. Nous devons nous éloigner de la caisse... parce qu'il y a plein de clients qui attendent et je reste perplexe par rapport à ce flot de paroles qu'a suscité mon compliment.


On part ensuite garer notre voiture dans le stationnement privé de notre Airbnb et rencontrons Marita, notre hôtesse. Elle a un charmant accent allemand et nous guide vers notre chambre dans sa superbe maison ancestrale (anciennement habitée par un capitaine).


La décoration nous surprend un peu, les couleurs sur les murs sont plus vives, les lieux sont chargés de beaucoup d'objets et de plantes, mais la boiserie d'époque est intacte et superbe. Notre chambre comprend un lit King (super confortable) et deux fauteuils. C'est simple, mais c'est exactement ce dont on avait besoin. La maison compte deux chats (dont un qui ressemble tellement à mon Gilbert aujourd'hui décédé) et un chien qui boîte. Tout ceci donne beaucoup de charme à l'endroit. On voit la mer de la fenêtre de notre chambre.


On soupe au Beach Tea Pea Kitchen où on passe un très bon moment. Merci à la suggestion de ma collègue Valérie. C'est un beau petit restaurant avec des plats savoureux à 6 minutes à pied de notre hébergement.


On rentre à notre chambre, fatigués de notre journée et le sosie de Gilbert vient nous retrouver dans le lit. Définitivement, cette maison a quelque chose de spécial.