Après une bonne nuit de sommeil, je me suis dirigée vers la salle de bains une quarantaine de minutes avant notre déjeuner prévu à 8 h 30. Je devais avoir le temps de me laver les cheveux et de céder la place à Mathieu. Sur la porte de la douche, il est écrit que l'eau peu être très chaude avec une petite flamme. Mais lorsque je la fais couler, il n'y a qu'une eau tiède. Pas de là en faire un panneau. Je sors de la salle de bains partagé vêtue uniquement de ma serviette et tombe évidemment sur une autre "chambreuse" alors qu'on avait croisé personne jusqu'ici. Elle me demande si elle peut aller aux toilettes, j'en profite pour lui demander si elle a eu de l'eau chaude la dernière fois qu'elle a pris sa douche ici. (Est-ce que l'affiche n'est qu'une blague?) Elle m'assure que oui. Notre chambre est vide, Mat est parti porter des choses à la voiture. Je l'attends. Mon ingénieur me confirme qu'il n'y a pas d'eau chaude. Il faudra attendre après le déjeuner. Je range toutes mes choses - un peu frustrée, je l'avoue - et m'habille.


Pendant cette péripétie, le sosie de Gilbert rejoint Mat dans notre chambre, monte sur ses genoux et se couche sur lui. Un chat à l'aise.


On rejoint Marita au rez-de-chaussée. Elle est très accueillante, comme d'habitude et nous guide vers leur superbe salle à manger. La radio joue et Mat remarque qu'elle diffuse des chansons en français. Marita syntonise Radio-Canada parce que c'est de la musique plus "européenne". Les boiseries dans la salle à manger sont très belles tout comme la table dressée pour nous. Nous avions essayé de deviner, Mat et moi, ce qu'on nous servirait à déjeuner ici. On se doutait que ce ne serait pas le traditionnel oeufs bacon comme notre hôtesse est allemande. Nous avions raison. En plus du jus d'orange et du café, elle nous sert un poisson avec une panure fait maison et une salade de roquette avec des fines herbes de son jardin et des pistaches. Ça nous surprend, mais c'est très bon.


À ma grande surprise, Marita s'assoit avec nous pour avoir nos impressions sur son déjeuner. Finalement, son mari Mike - originaire de la région - vient nous rejoindre et on en vient à discuter pendant une bonne heure avec eux. On explique comment on s'est rencontré, on parle de nos emplois, de la santé mentale des gens depuis la Covid, des gens trop contents de nous servir dans les restaurants, d'âgisme, du culte de la beauté. On parle même de linguistique. C'est vraiment rafraîchissant d'avoir cette conversation avec eux. D'ailleurs, ils en profitent pour s'excuser pour l'eau, c'est un oubli de leur côté. (Ils chauffent au bois et le feu n'avait pas pris).


Pendant notre conversation, j'en profite pour questionner Marita sur les cadres appuyés sur le mur derrière nous. On y trouve les portraits d'un homme et d'une femme, ils datent du 19e siècle probablement. Marita raconte que Mike les a trouvés par hasard alors qu'il se promenait avec son chien. Ils étaient dehors sous une pile de feuilles. Au moment où il les a entrés chez lui, il s'est mis à pleuvoir. S'il ne les avait pas pris, les toiles auraient sûrement été très abîmées. Sauf qu'ils ignorent d'où elles viennent, à qui elles appartiennent et qui elles représentent. Un beau mystère qui fait beaucoup jaser les visiteurs de Marita.


Nous avons repris la route après une douche chaude et sommes partis à la découverte de l'Annapolis Valley. Nous avions réservé au vignoble Lightfoot. Notre table offrait une vue imprenable sur les vignes. Un autre beau moment pour souligner la fin de nos vacances où nous avons bien mangé et bien bu. Le serveur, Andrew, terminait chacune de nos interactions par un "cheers" bien senti ce qui a fini par me faire systématiquement pouffer de rire.


Nous sommes ensuite passés à la section dégustation où une charmante dame (qui avait appris le français au Québec et vécu dans les Cantons-de-l'Est) nous a présenté les vins en français. C'était vraiment bien de l'entendre parler de l'histoire du vignoble. On a acheté quelques bouteilles et avons pris le chemin d'un autre vignoble, le Benjamin Bridge, parce que nous avions beaucoup aimé son Sauvignon blanc au restaurant la veille. En plus d'un excellent service de la part de Jenny, ce vignoble situé en plein dans une vallée offre de magnifiques paysages aux visiteurs venus déguster du vin. Notre épopée dans l'Annapolis Valley s'est terminée à Wolfville où nous avons découvert la cidrerie Annapolis où nous avons fait une troisième dégustation. (Surtout moi comme Mat conduisait.)


Avant de nous diriger vers notre camping, nous avons mangé un cornet à la crèmerie The Real Scoops. Divine expérience. Très très riche, mais délicieuse. Mon mélange chocolat et brownies était à se rouler par terre.


Tous les endroits visités aujourd'hui en valait la peine pour la qualité de leur produit et/ou les vues qu'ils proposaient.


Nous sommes ensuite partis pour notre dernier terrain de camping du voyage, à 30 minutes des vignobles. C'est un petit camping, le Blomidon Provincial Park. Il y a des randonnées à faire - avec points d'observation sur l'océan, mais nous sommes arrivés trop tard pour avoir le temps d'en profiter. Il y a plusieurs terrains dans des champs, mais aussi plusieurs en forêt et donc à l'ombre. Il faut bien choisir.


Nous avions un beau terrain et avons pu nous faire un feu pour réchauffer notre soupe Chunky et griller nos tranches de pain. Seul hic : plus la soirée avançait, plus les vents étaient forts et plus j'avais froid, ajoutant une couche de vêtements, puis une autre. On avait les désavantages d'être près de l'eau sans les avantages comme on n'avait pas de vue sur l'eau.


On a encore dû vivre avec des jeunes trop enthousiastes qui mettaient de la musique et criaient comme s'ils étaient seuls sur terre. Les règlements n'étaient pas vraiment respectés et personne ne sévissait.