Notre première nuit à Shubie (doudou) s'est fait sous la pluie et les orages. L'avantage, c'est que ça enterrait le bruit des bolides qui coursent sur l'autoroute. Le désavantage, c'est qu'il pleuvait tellement que ça nous réveillait. On a pu dormir pour la peine. Nous avons skippé le déjeuner au camping - il pleuvait trop - et avons mangé dans un restaurant qui ne sait pas faire de sauce béchamel. Mais la serveuse m'appelait (elle aussi) Honey et Sweety alors je lui ai tout pardonné (anyway, c'est pas elle qui avait cuisiné).


Notre plan pour cette journée de pluie et de brouillard (on ne pouvait pas voir Halifax du pont de Dartmouth tellement le brouillard était opaque) était évidemment de voir des musées (comme la majorité des autres touristes découvrirons-nous ensuite). Nous avons commencé avec le Musée de l'immigration parce que le mardi, le musée maritime de l'Atlantique est gratuit de 17 h à 20 h. On allait donc en profiter, cheap que nous sommes.


Premier musée intéressant, mais pour quelqu'un qui travaille avec des immigrants, c'était beaucoup de remâché durant la visite (en français!) Le portion historique sur le pier 21 (quai 21) cependant m'a beaucoup touchée. On se trouvait exactement là où les immigrants débarquaient pour commencer leur nouvelle vie en sol canadien. Puis, un peu plus loin, on s'est assis là où les immigrants devaient attendre leur examen médical et d'entrée au pays. J'ai aimé que la guide nous fasse remarquer que sur les photos d'archives, il n'y avait que des Blancs parce qu'on faisait de la discrimination, empêchant les gens d'autres couleurs d'immigrer au pays. Si vous aviez une escale - donc qu'une immigration directe était impossible - on vous refusait. Cela discriminait directement les Asiatiques et les Africains. À la fin de cette portion du musée, nous avons fait un exemple de test de citoyenneté (en équipe) et avons (heureusement) obtenu la note de passage (75%, quand même!). Le musée en soi est une belle façon de sensibiliser la population à l'épreuve qu'est l'immigration. Ce dont nous étions tout à fait conscients.


Par contre, il y avait une autre exposition, de photographie celle-là, du peintre arménien (aujourd'hui la Turquie) Yousuf Karsch, né en 1908 et immigré seul au Canada en janvier 1924 à Halifax à l'âge de 15 ans. Il sera détenu pendant trois jours le temps de valider son statut d'immigrant (à 15 ans, je le répète). Il est accueilli par son oncle sherbrookois qui est photographe et cela lui donne la piqûre pour cet art. Il apprend la technique à Boston (gélatine argentique) et revient s'établir au Canada, à Ottawa.


Ses portraits sont touchants et dépeignent avec justesse les gens qu'il photographie. Les modèles de Karsch sont impressionnants : Hemingway, Picasso, Kennedy et sa femme, Brigitte Bardot, Paul Desmarais, Muhammed Ali, Andy Warhol, Nelson Mandela, mère Teresa, Churchill, PET (le père de Justin), Castro, Gratien Gélinas et plusieurs autres. J'ai beaucoup aimé voir ces personnalités célèbres sous l'œil de Karsch et lire un résumé de la façon dont s'est déroulée leur rencontre. Si une personne ne s'ouvre pas, la photographie ne pourra pas en dire autant que si la personne se livre. C'est assez frappant pendant l'exposition. C'est une exposition très intéressante qui vient du Musée des beaux-arts... de Montréal. Tout ce chemin pour se retrouver à la maison.


Nous devions ensuite attendre qu'il soit 16 h pour l'ouverture d'une microbrasserie près du musée maritime. Nous avons donc marché dans Halifax et bien aimé notre balade loin des touristes. Il ne pleuvait plus et le brouillard s'était dissipé. Nous nous sommes arrêtés acheter des timbres et la commis de Poste Canada n'a pas compris que si je voulais acheter des timbres à l'effigie de la Reine, ce n'était pas parce que je l'aimais bien.


Nous avons pris un verre au bar StillWell - qui ne brasse pas de bières, Mat était déçu. Ils avaient quand même une sélection de bières locales et internationales intéressante, ajoute-t-il. J'ai bu un cidre anglais!


Nous avons ensuite profité de la gratuité du Musée maritime et avons apprécié l'exposition sur le Titanic et celle sur une explosion survenue au port d'Halifax le 6 décembre 1907 parce qu'un ravitailleurs de munitions est entré en collision avec un navire belge. C'est la plus grosse explosion causée par l'homme avant la bombe atomique. Un pan de l'histoire canadienne que j'ignorais et qui évoque tragiquement Lac-Mégantic.


Pour souper, j'avais proposé à Mathieu d'aller voir un chanteur néo-écossais qui performait ce soir-là au Bearly’s House of Blues & Ribs (mais aussi tous les mardis). Le lendemain, au même petit bar, ce serait le karaoké. Il a vite compris qu'il avait intérêt à y aller pour le chanteur de blues. Quand il a vu que le nom du bar contenait le mot "ribs", il a eu toute mon attention.


Nous sommes arrivés vers 19 h 15 et avons commandé une entrée de nachos, des tacos pour moi et une salade pour Mat. Non, ben non. Il a pris des ribs. Ce qui est assez drôle, c'est que nous avons tout reçu en même temps. Et c'est là que Mat a compris qu'à la grosseur de son "demi" ribs, il ne m'aiderait pas beaucoup avec les nachos. Ça l'air que les appertizers ne sont qu'un concept ignoré si tu prends autre chose. La bouffe était vraiment excellente - je n'avais aucune attente pour être honnête. Peu de choix de bières intéressantes par contre (pour Mat).


La foule était très variée, jeunes et vieux réunis pour ce chanteur de blues qui est un vrai habitué de la place. Nous avons beaucoup apprécié notre soirée, Manson est non seulement très très habile à la guitare, il est aussi un bon chanteur avec une bien jolie voix.


Pendant le spectacle, un homme à la barbe blanche et au chandail "Chilling in Nova Scotia" s'est mis à danser au milieu des gens. Des pas de danse très approximatifs, tant avec les bras qu'avec les jambes. Il semblait très très heureux d'être là et continuait de danser de sa chaise par la suite. Des habitués chantaient les chansons en chœur. Du beau!


Après la troisième ou quatrième chanson, Manson s'est levé pour allumer la petite télévision qui était à sa gauche et y insérer une cassette VHS. À partir de ce moment, un match de lutte jouait sur la télé pendant qu'il poursuivait sa performance. Un bien drôle de moment pour conclure une bien belle journée.