Lui : "Ah mon Dieu! Dans salle de bain, on entend la télé du voisin comme si on était assis devant avec lui." Moi : "Qu'est-ce qu'il écoute?" (J'ai toujours les questions les plus pertinentes.) Lui : "Les nouvelles."


Voici un commentaire illustrant à merveille l'insonorisation de notre auberge. Très intéressant de se faire réveiller par nos voisins de chambre durant la nuit. Bien malgré eux.


En soirée, avant le resto (péripéties des bas numéro 1), Mathieu se relève du fauteuil en tissu de notre auberge et constate à son grand désarroi qu'il a laissé une tâche derrière lui en posant ses pieds sur ledit fauteuil. La tâche est brune noire : est-ce du chocolat? (Du caca?!) À l'odeur, Mat suppose qu'il s'agit d'huile. Il aurait sans doute mis le pied dans un peu d'huile de mon vélo en l'apportant dehors. Par conséquent, c'est un peu la panique pour faire partir cette tâche du plus beau meuble de notre chambre. (Perso, je suis occupée à écrire le premier article de ce blog alors je regarde Mat s'affairer et lui propose qu'on rapporte le fauteuil à la maison si jamais on doit le payer.) Finalement, il parvient à faire partir de manière efficace une partie de la tache (Note : toute la tache selon la version de Mathieu), le reste se confondant assez habilement avec les motifs du tissu. On verra bien si on nous charge. Mat prendra évidemment bien soin de laver ses bas pour éviter d'autres situations malencontreuses.


Nous partons de l'auberge assez reposés, mais un peu plus tôt que nous l'aurions voulu. C'est que nous avons six heures de route en à faire et qu'en plus, on perdra une heure une fois au Nouveau-Brunswick.


Nous arrêtons à la fromagerie Le Détour avant de prendre la route. Cela me vaudra de multiples jeux de mots de la part de mon conjoint (qui, lorsque fatigué, a le jeu de mots facile).


Puis, une heure plus tard, nous arrêtons aux chutes de Grand-Sault. C'est un détour plus long que prévu, mais nous apprécions notre arrêt - même s'il se fait en partie sous la pluie.


On conduit tranquillement - pas mal au milieu de nulle part - avec la musique de Philippe Brach. Il n'y a presque aucune sortie, des montagnes et beaucoup beaucoup de côtes. On brûle pour 45$ d'essence en deux heures (22 litres) à force de monter et descendre. Mat précise qu'il roulait vite pour rattraper un peu de temps compte tenu du fait qu'il avait les vélos à l'arrière. (On roulait 115, limite 110, je date James Bond.) L'essence est à 2,05 au Québec, puis 1,99 au Nouveau-Brunswick. Ce voyage nous coûtera un bras. Je le prédis.


On regarde les sorties disponibles sur l'autoroute à Frédéricton pour se faire un petit pique-nique. Rien de vraiment intéressant, mais nous avons de plus en plus faim et décidons d'arrêter dans une grande station-service, plus précisément dans le stationnement des employés.


D'abord, il faut trouver nos chaises de camping - l'idée de manger dans l'auto ne me sourit pas particulièrement. Elles sont évidemment sous tout le reste comme on ne pensait pas en avoir besoin avant d'arriver au camping. On se fait un bon petit dîner dans le stationnement, caché par la Crosstrek, en prenant un bac de camping pour table. Je me dis que ces extraits doivent vraiment donner envie aux gens de voyager.


Quand on reprend la route, il nous reste encore une heure avant d'arriver à St-John, puis 40 minutes avant d'être à Saint-Martins. On calcule donc rapidement combien de temps on pourra passer aux grottes de Saint-Martins - et je me demande si l'heure de route supplémentaire en valait la peine. On commence tous les deux à être fatigués de faire de la route.


On s'arrête à St-John et on fait une épicerie éclair en 20 minutes. (Un record, pour vrai.) Puis, on se met en route vers St-Martins dans des chemins très très secondaires où il est difficile de dépasser ou de rouler à une vitesse stable. J'ai les oreilles bouchées, Mat aussi. "C'est normal on fait juste monter pis descendre."


En route, nous apprenons officiellement que mes parents ne viendront pas nous rejoindre. Les répercussions de la Covid se font encore trop sentir de leur côté. C'est une déception partagée qui s'étend du Nouveau-Brunswick à l'Abitibi. On reçoit aussi des photos de la fille de l'amie qui séjourne chez moi, la belle Evelyne. Et de notre Robin. Ça met un baume sur ce moment.


Notre arrivée dans la jolie ville de Saint-Martins nous redonne le sourire. Nous arrivons à 17 h 15, la marée n'est plus à son plus bas, mais nous pouvons facilement marcher sur la plage. Les premiers mètres sont uniquement en galets. Je me répète de ne pas me virer la cheville pour ne pas reproduire la déception vécue en France.


En arrivant près des fameuses grottes créées par l'érosion de l'eau qu'on peut voir grâce à la marée basse, nous nous retrouvons devant un petit ruisseau qui serpente sur toute la longueur de la plage. Impossible de voir les grottes de plus près sans le traverser. Le débit et la largeur du ruisseau varient d'un endroit à l'autre. Tous les touristes réunis évaluent leurs options pour être le moins mouillé possible. Nous y compris.

Les papas font grimper leurs enfants sur leurs épaules. C'est pas le temps de se péter la gueule. Mat connaît ma grande habileté à me tenir debout : il propose dans sa grande chevalerie de me prendre sur son dos. Je refuse et continue mon inspection des lieux. Se faisant, à un moment ou un autre, mon pied se retrouve dans l'eau. Mouillant évidemment tout mon bas et mon espadrille (Péripéties des bas 2) Je décide donc d'y aller le tout pour le tout et de marcher dans le ruisseau pour atteindre l'autre côté. Mes voisins de gauche, pour leur part, ont choisi de retirer leurs chaussures. Je ne sais pas quelle option était la moins dangereuse. Mat a pour sa part enjamber le ruisseau, se mouillant le bout des orteils. Je pense que cela l'a dérangé et il l'a exprimé avec un autre jeu de mots "C'est l'heure des "caves" (grotte en anglais") ou des caves (se moquant un peu de tous ces touristes - et de nous - qui sautent par-dessus le ruisseau au risque de se retrouver les pieds mouillés.)


Les grottes ("Sea Caves") sont vraiment magnifiques. C'est très étrange (et un peu angoissant) de s'imaginer qu'on serait sous l'eau quelques heures plus tard. Les algues sur les parois nous le rappellent. Nous avons bien apprécié notre visite même si nous n'avions pas le luxe d'attendre que la marée remonte ou de manger un morceau. C'est un bel endroit où il vaut la peine de s'arrêter.


Notre camping nous attendait une heure et vingt plus loin. Nous avons déjà 1000 kilomètres au compteur.


En partant des grottes, nous avons attendu à une lumière derrière une voiture du Connecticut où on pouvait lire "Just Married" dans la fenêtre arrière. J'ai évidemment klaxonné et ils se sont embrassés avant de nous envoyer la main par la fenêtre. C'est la première fois que Mat me laissait klaxonner. Il avait vu la voiture plus tôt et avait lu "Honk for a kiss" dans la fenêtre. J'ai honké.


Nous avons passé une très belle soirée - notre première en camping en 2022! Des petites pâtes rosées, un vin blanc reçu à ma fête que nous n'avions pas encore bu parce qu'il était resté à Rouyn à Noël (très bon Au pied de la lettre, merci Phil!) et un feu de camp. Le bonheur pur et simple (sauf pour la musique pop de nos voisins anglos). Le silence fait parfois peur aux gens.


J'ai pris soin de prendre une photo de nos bas qui finissaient de sécher en fin de soirée.